QUEL CRÉDIT AUPRÈS DES BANQUES?

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE DU CENTRE-OUEST  –  vendredi 17 mai 1996  –



Dis-moi comment tu prêtes et je te dirai si j'emprunte chez toi. C'est un peu le message que la ville a fait passer, mercredi, à une vingtaine de banquiers. En y mettant les formes.

Il y a quelques semaines encore l'adjoint aux finances Claude-Pierre CHAUVEAU, regrettait que les banquiers de la place ne s'intéressent pas à la ville de Tours. Il leur reprochait une certaine condescendance dans le regard et une grande répulsion à tendre la main.

Si l'on en juge par le nombre de banquiers réunis, hier, autour du maire et de ses adjoints, soit une bonne vingtaine, les temps auraient changé. Il a même fallu ajouter des chaises pour que tout le monde puisse s'asseoir. Banque Populaire, Paribas, Banque Hervet, Deutsche Girozentrale, Crédit Foncier, Banque Française du Commerce Extérieur, Citibank, Crédit Lyonnais, Crédit Agricole, Crédit Local de France... un panel riche, varié et attentif.

Attentif aux propos d'Alain Gevaudan, administrateur territorial, lorsqu'il parla de la volonté de transparence de la ville de Tours et des enjeux financiers. Attentif aux engagements volontaires affichés par Claude-Pierre Chauveau. Adjoint aux Finances, en matière de rigueur budgétaire. Attentif enfin aux perspectives d'évolution de la ville, tracées par le maire.


"Contratsd'objectifs pour les services municipaux"

C'est Claude-Pierre Chauveau qui se chargea d'abord de montrer aux banquiers que la ville avait non seulement brisé l'élan inflationniste de la dette, mais qu'elle amorçait un mouvement inverse en commençant à dégager un autofinancement. "Le total des dépenses 1996 est inférieur de 0,97 % à celui de 1995, ce n'est pas le Pérou, mais c'est le début d'un nouveau processus.  En 1996, nous voulons parvenir à la fin du cycle de dégradation des indicateurs d'épargne."

Et pour convaincre des hommes et des femmes réputés durs en affaires, il annonça l'instauration de contrats d'objectifs avec chacun des services municipaux : "Je n'entends pas me laisser déborder par la volonté de tel ou tel chef de service", insista-t-il. "L'époque des "y'a qu'à", "faut qu'on" est révolue."

Puis s'adressant aux banquiers, il leur dit sa volonté de renégocier la dette de la ville, de pratiquer le remboursement anticipé de plusieurs emprunts et son souhait d'emprunter dans les meilleures conditions possibles : "Nous avons besoin de vous".


"Toutes les subventions baisseront de 2,20 à 2,30 %"

Plus politique, Jean Germain tenta de prouver que Tours avait l'ambition de prospérer en portant le nombre de ses habitants à 150 000 en attirant de nouveaux emplois(1) ou en construisant le TVR tout en maintenant une pression fiscale minimale. Puis par des formules qu'il aime emprunter au langage populaire, il fit profession de foi. "Nous sommes passés de 200MF d'investissement à 124 cette année. C'est une période de dégazage. Le seul moyen de ne plus s'endetter, c'est d'arrêter de faire des dépenses inconsidérées.

Commentaire → IL EXISTE UN AUTRE MOYEN: QUE LA CRÉATION MONÉTAIRE SOIT UN SERVICE PUBLIC (SANS INTÉRÊTS)!

En 1997, le budget de fonctionnement de la ville n'augmentera pas en francs courants. Chaque ménage peut le comprendre, quand on n'a pas les moyens de changer de voiture tous les quatre ans on attend cinq ans. Ce qui veut dire qu'en dehors du logement social et de l'école, nous réduirons toutes les autres subventions de 2,20 à 2,30 %. Et puis il faut être conscient que l'argent s'achète à des gens qui l'ont eux-mêmes acheté à d'autres.

Commentaire → C'EST FAUX!!! LES BANQUES CRÉENT L'ARGENT QUAND ELLES ACCORDENT UN CRÉDIT!!!

Quelques références: "La Banque et ses fonctions" - B. MOSCHETTO et J. ROUSSILLON (Que sais-je ? n° 2447, PUF), p.66

"Pas d'économie sans monnaie" - G. LE SOLLEU (Optiques Economie N° 34 - Hatier), p. 29

"Dictionnaire d'économie et de sciences sociales" - J.Y. CAPUL et O.GARNIER (Initial - Hatier), p.269-270

"Initiation à l'économie" - J. BRÉMOND et M.M. SALORT (J. BRÉMOND - Hatier), p. 102 & 183

IL EST NAVRANT QUE DES ÉLUS NE SOIENT PAS AU COURANT...

Or il y a des moments où l'argent se solde, comme les voitures. Notre rôle c'est de l'acheter le moins cher possible à plusieurs personnes à la fois pour éviter de mettre tous les oeufs dans le même panier. C'est mon bon sens de paysan tourangeau qui me l'a appris."

Enfin il passa en revue quelque grands projets susceptibles de faire appel à l'emprunt : TVR, station d'épuration, tri sélectif des ordures, schéma université 2000, schéma directeur de l'hôpital.

Des question ? Pas de question. Les banquiers ont pris des notes mais n'ont pas ouvert la bouche.

Hier matin, plus que jamais, le silence était d'argent.


(1) Jean Germain a annoncé la décentralisation prochaine d'un service informatique du ministère du Budget sur le Technopôle. L'investissement prévu est de 65MF. On ne connaît pas encore le nombre d'emplois.